1. |
Verónica
02:26
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Recommencer, recommencer à me dire:
« Tiens, mon sort n’est pas scellé, non! »
Recommencer à respirer
Un avion m’a déposé à ta porte
Verónica
Carrelage, tapis tressés
Rue Tonalá
Roma Norte
J’ai conversé
Avec des fleurs, des êtres inanimés
Me féliciter de m’en être allé
Quand mon ventre s’est mis à trop tournoyer
Ne te soucie pas de moi
Je suis loin déjà
Réfugié dans le noir
D’un vieux cinéma
Carrelage, tapis tressés
Rue Tonalá
Long visage, cheveux soignés
Verónica
Sous la lune coule mon sang
Pour la première fois
Sous la lune coule mon sang
Verónica
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2. |
J'espère
02:29
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J’espère tout simplement
Que je ne te cause pas trop de soucis
Que tu t’endors quand arrive la nuit
Celle qui t’a donné des souvenirs si tendres
Mais qui t’a laissée seule quand tu tremblais d’être rassurée
J’espère tout simplement
Que je ne te cause pas trop d’ennuis
Que ton amour pour ce que je suis
N’obscurit pas ta route
Quand nos ondes se troublent
Mais t’éblouit à la puissance double
Toi qui avais rêvé de lumière et d’errance
Tu t’es posée avec moi le temps d’une danse
Dans un cabaret
Je ne savais pas comment tu t’appelais
J’espère tout simplement
Que je ne t’ai pas trop ralentie
Qu’à bord de la fusée de ta vie
Je t’ai donné assez d’essence
Pour que tu voles toujours plus près de ton essence
J’espère finalement
Que ton amour te donne répit
Que quand tu es seule tu souris
Encore du vent, du bruit des vagues
Dans tes balades interminables
Toi qui avais rêvé d’errance
Tu as posé près de la mienne ton innocence
Dans un lit douillet
Je ne savais pas à quoi tu t’attendais
Un cabaret
Je ne savais pas comment tu t’appelais
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3. |
Les salades de l'amour
03:20
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Une chanson maladroite
« Les salades de l’amour »
Une erreur de parcours sotte
Qui m’amène chez toi
Moi, je tombe dans tes bras fragiles
Nous nous inventerons une île
De clichés, de matins bleus
Comme le font les amoureux
Le feu d’une cigarette
Je fixe un point à l’horizon
D’inlassables questions
Suis-je vrai, suis-je honnête?
Je mixe les passions
Et toi, enfant de bohème
Prends garde
Je ferai ce qu’il faut
Pour protéger ma peau
Je serai insolite
Je serai hors-la-loi
Les chansons maladroites
Empilées à vingt ans
Elles titubent, elles boitent
Bien influencées par d’autres
Elles me reviennent souvent
Elles feront
Des apparitions fortuites
Dans de nouveaux cœurs en fuite
Dans la brise des matins bleus
Comme le font les amoureux
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4. |
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Les arbres et les fleurs
Ont gonflé mon cœur
Pieuvres et cachalots
Mis mes yeux dans l’eau
Les veines du ciel
Ta gorge de miel
Ont chauffé mon sang
D’un feu si ardent
Mais cette question
Perce les saisons
Et couvre la lande
Sans qu’on ne l’attende
Je regarde au loin
Pas l’ombre d’un chien
D’où vient ce chagrin?
D’où vient ce chagrin?
Non, je n’en sais rien
Corail de serpent
La lune descend
Dans un coquillage
Irisé d’images
Où se dessinent mes rêves de tendresse
De rimes qui blessent
D’amour et de caresses
Je cherche souvent
Dans le marbre blanc
Le trait qui m’appelle
La grâce éternelle
Mais cette question
Ne fait pas faux bond
Où va ce chagrin?
Où va ce chagrin?
Non, je n’en sais rien
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5. |
Sérénade
03:57
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J’ai vu la mer échouer dans ta main
Dans sa dentelle d’écume
Pour te porter une étoile, un oursin
Et quelques mots de la lune:
« Si dans la nuit le sommeil
Ne te fait que des tourments
C’est qu’il y a une force au réveil
Qui fera tourner le vent »
Tu t’es perdue dans mes yeux nonchalants
Noyés de larmes aigres-douces
Je t’ai montré le chemin du Levant
On l’a suivi dans la brousse
J’ai cru bon de dire au soleil
De te guider dans mes bras
Ses rayons m’ont répondu: « C’est pareil,
Elle est déjà près de toi »
La sérénade s’est élevée
Elle est montée vers toi
Je ne sais comment elle est née
Mais elle ne mourra pas
Parmi les fruits posés sur mon chemin
Parmi les charbons ardents
J’ai vu briller ton cœur, rouge carmin
Gemme éclatant, amour fou
Et devant la porte de pierre
Dans la forêt de bambou
Tu sembles à la fois fragile et sévère
Vive comme un bébé loup
La sérénade s’est élevée
Elle est montée vers toi
Je ne sais comment elle est née
Mais elle ne mourra pas
Cette sérénade d’été
Pour te couvrir le corps
De petits bijoux de papier
D’une tempête d’or
La sérénade s’est élevée
Elle est montée vers toi
Je ne sais comment elle est née
Mais elle ne mourra pas
Non, elle ne mourra pas
Elle ne mourra pas
Non, elle ne mourra pas
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6. |
L'heure de l'apéro
02:27
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Le ciel dépose en édredon
Sa bave d'or, de diamant
Qui coule et se répand
Sur nos objets de prédilection
Et sur le plateau aveuglant
Sont déposés comme des présents
Les Maille, les Queen
Le vin de Savoie
Les tarelli, les ananas
Les calissons et les babas
Le melon miel et dans nos voix
Retentit cette extase
Aristocrate et dans nos phrases
On perçoit peu de mots
C'est l'heure de l'apéro
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7. |
Tarot de Marseille
03:27
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Quand tu auras bien joué ton tarot de Marseille
Une à une allumé tes chandelles en cire d’abeille
Quand tu auras brûlé l’encens et parfumé tout l’air ambiant
D’une lavande chamane, marché Coyoacán
Trouvée à moitié prix
Je me lèverai murmurant : « mais qu’est-ce que je fais ici? »
Quand le ciel aura jeté sa pluie et son tonnerre
Il restera bien les nôtres à jeter les pieds sur terre
Moi je viens du pays du vent et toi des immeubles tremblants
Je vois en nous des éléments si forts, si ténébreux
Ce sera impossible
L’amour à feu et à sang et les yeux dans le vide
Mais mon cœur est déjà emmêlé avec toi
Et je ne veux refaire le monde
Quand je suis dans tes bras
Oui nos cœurs siamois volent au-dessus des toits
À quoi bon repenser le monde
Qui tourne autour de moi?
Quand nous aurons bien joué les cartes dans nos cœurs
J’aimerais enfin te respirer sans parfum, sans odeur
Je rêve d’une chambre nue où parvient le bruit de la rue
La rumeur folle et anonyme qui la nuit nous anime
Tu as changé ma vie
Pars avec moi! Rejoins-moi! Je m’en viens! Reste ici!
Mais mon cœur est déjà emmêlé avec toi
Et je ne veux refaire le monde
Quand je suis dans tes bras
Oui nos cœurs siamois volent au-dessus des toits
Et il n’y a plus de fantômes
Qui tournent autour de moi
Oui mon cœur est déjà emmêlé avec toi
À quoi bon repenser le monde, Andrea?
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8. |
Nymphéas
03:32
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Ça aurait dû être toi
Loin dans la nuit qui louvoie
Jetant des ombres de fauve
Sur le quai humide et froid
Ça aurait dû être toi
La silhouette là-bas
Qui faisait des ronds dans l’eau
Dans l’étang des nymphéas
Ça aurait dû être une autre
Qui pleurait ce matin-là
Des histoires comme la nôtre
Ne finissent pas comme ça
Non, je ne souhaite à personne
La douleur des coups finaux
Mais j’aurais préféré qu’une autre
S’éloigne sans dire un mot
J’aurais tant aimé te voir
Sonner chez moi par erreur
Et redéfinir mon sort
De ton air espiègle et moqueur
Ça aurait dû être toi
Toutes les premières fois
Pour que viennent me hanter
Des souvenirs immaculés
Mais personne, tu le sais bien
N’aurait retenu ma main
Sur le quai humide et froid
Dans l’étang des nymphéas
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9. |
Jacarandas
03:19
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Je vois parfois en toi les visages d’autrefois
Une désinvolture de vieille peinture
Un regard obsolète
Dans l’ombre du passé, tu t’es perdue
Tu me parlais tout bas de tes rêves d’autrefois
Qui se sont dissipés comme des invités
À la fin d’une fête
Tes paradis perdus jonchent les rues
Sous les jacarandas
Tu me parlais tout bas
Je repense parfois à ces grands arbres-là
Qui veillaient sur tes pleurs d’une coiffe de fleurs
Tendre et violette
Un ornement de plus sur une fille perdue
J’ai vu la mort rôder dans les jardins fanés
Des dernières espérances
J’ai vu les heures sombrer dans la pire des stupeurs
Au détour d’un silence
Sous les jacarandas
Je ne pense qu’à toi
Je songe malgré moi aux plaisirs d’autrefois
Que j’éprouvais, candide, devant des nouveautés
Devenues insipides
Comme un vitrail de plus qui filtre ma vue
Et quand tu reviendras de tes jacarandas
Sache que ta romance n’est que délivrance
Pour les cœurs en fuite
Captifs du passé, de mondes oubliés
De mondes perdus
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10. |
Diapason
02:29
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Un filet de dentelle qui traverse le ciel
Nous marchons au hasard, la ville t’accapare
Et tu te dis tout bas: je vivrais loin là-bas
Soumis aux paysages des saisons de passage
Ô triste vanité, comment as-tu élevé
Devant toi, suffocants, ces immeubles pesants
Qui t’ont trompé cent fois comme la guêpe des bois
S’immisce dans le nid d’innocentes fourmis
Comme un chapeau troué, le grand ciel étoilé
Vient rabattre l’ivresse du jour ensoleillé
Et un pincement au cœur: il est déjà vingt heures
À demain les frissons du soleil des cantons
La première étincelle qui fait craquer de miel
L’amertume du soir ouvre aussi le grimoire
D’un occulte ancestral dont les cendres totales
Ravivent la magie dans le feu de la nuit
Les paupières fermées, tes notes de fin d’été
Ressurgissent tremblantes dans un songe éveillé
Et se dessine enfin le style de ta nuit
Mystique diapason des images du lundi
Et tu te dis tout bas: je vais rester ici
Tant que les manitous gardent l’œil sur nos vies
Oui tu te dis tout bas: je vais rester ici
Tant que les manitous veillent sur toi aussi
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11. |
Tu dors déjà
03:01
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L’immeuble s’effondre
Sans succès tu sondes cette chose en toi
Et dans la nuit perdue
Personne ne t’a vu
Tu dors déjà
Sous quelle lune avare et malveillante
As-tu fermé les yeux?
Tendre soldat sous les obus
Oui, dans la nuit perdue
Personne ne t’a vu
Tu dors déjà
Dans le vent, au bout de ta colère
Fichu, tu pars en fou
Au large, en mer
Dans les remous
Les tourbillons, les fantômes flous
Brouillent l’alarme mal envoyée, jamais reçue
Vers toi nos mains restent tendues
Et tu te tais
Le réveil est immonde
Hier une ombre s’emparait de toi
La lumière fait mal
On entend tous encore ta grosse voix
Le déluge recommence ce matin
Nous n’aurons pas assez de larmes, de tout un chagrin
Reviens-nous maintenant
Dans la lune et le vent
Tu dors déjà
Tu dors déjà
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FÉLIX DYOTTE Montreal, Québec
Avec son premier album homonyme paru en mai 2015, Félix Dyotte a su honorer avec noblesse la tradition française dans ses expressions les plus jubilatoires en leur juxtaposant une modernité arrogante et poétique empruntée à la brit-pop. Son troisième album «Airs païens» un troisième album paru le 12 mars 2021. ... more
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